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Le tour du monde en 80 ... polars

Bibliographies , chroniques de lecture : des scènes de crime sur les cinq continents.

François MÉDÉLINE - La Résistance des matériaux

François MÉDÉLINE  -  La Résistance des matériaux

Après deux romans sur la Libération et l’après seconde Guerre mondiale ( voir ICI  et  ), François Médéline revient avec la thématique qui l’a fait connaître comme écrivain : la politique (presque)fiction. Il choisit la fin de l’année 2012 et le début 2013 et raconte un scandale politico-financier. Tous les personnages politiques de l’époque sont mis en scène, il ne manque que Jérôme Cahuzac. A sa place, il y a Serge Ruggieri ministre de l’Intérieur qui est soupçonné de détenir au Luxembourg un compte bancaire non déclaré. C’est ce qu’affirme Mediapart.

La politique est un combat. Les cinq parties de ce roman sont appelés « round », comme dans un combat de boxe. Et les coups pleuvent, il faut se défendre, il faut feindre, simuler, contre-attaquer. Ce combat, François Médéline le décrit au jour le jour, les dates coïncident avec l’affaire Cahuzac. Dans le récit de l’auteur tout est fait pour restituer l’ambiance d’une crise politique. Il y a la retranscriptions de titres et d’extraits de la presse écrite, des interviews à la radio et des échanges lors d’émissions à la télévisions. Les journalistes sont vrais, Bourdin, Calvy, Aphatie, Edwy Plenel. Le discours de l’accusé ne change jamais, il résiste, il veut imposer son innocence. C’est de la com’ avec une volonté certaine de manipuler. A l’époque la NSA écoute toutes les communications mondiales ( Snowden fera ses révélations en juin 2013 ). Alors l’auteur imagine des conversations téléphoniques. François Hollande entre en scène et un certain Paul Bismuth alias Nicolas Sarkozy. Les politiques sont accros aux réseaux sociaux guidés par des conseillers en communication dispos H 24. Parfois pour tenir il y a la coke.

Dans ce combat politique, Djamila Garrand-Boushaki essaie d’éviter les coups. Elle est députée, suppléante de Ruggieri, deuxième circonscription de Lyon et également vice-présidente de la Région Rhône-Alpes. Dans le roman elle envisage de divorcer, rien ne va plus avec son mari Jean-Michel Garrand, chef de cabinet de Serge Ruggieri ministre de l’Intérieur. Pas facile d’être une femme en politique. A l’intérieur d’un parti, la concurrence est féroce, un véritable combat, investitures verrouillées, des dépenses cachées lors de campagnes électorales pharaoniques. Les boites de com’ sont omniprésentes. L’opposition politique est un peu hésitante face à l’affaire Ruggieri, elle traîne aussi ses affaires, comme Woerth avec son hippodrome ou Sarko avec Takieddine. Il y a aussi le nom de Bettencourt qui revient souvent.

Des dirigeants du BTP voudraient que l’affaire Ruggieri soit oubliée, ils ont été favorisés dans l’attribution de marchés publics dans la région lyonnaise. De grosses sommes d’argent ont circulé, d’une banque à l’autre … Un barbouze va tenter de discréditer Djamila. Elle est issue de l’immigration et de la banlieue lyonnaise à Bron et impliquer ses frères dans un complot terroriste permettrait de ne plus se focaliser sur Ruggieri. Parallèlement la police enquête avec le commandant Dubak, ancien de la crim, flic à la dérive, muté à la brigade financière de Lyon. Il n’y connait rien à la finance mais il est tenace. Il est en contact avec Mamy, retraitée de la Police nationale. Ces deux personnages étaient déjà présents dans le roman de François Médéline « L’ange rouge » ( La manufacture de livres – 2020 ).

Le style de l’auteur est fait de phrases très courtes qui apportent une profusion de détails. Cela nuit à la fluidité du récit. Le lecteur doit s’accrocher, le roman est long, les personnages nombreux. Mais il y a sans cesse un petit détail qui ravive un souvenir, ramène à la réalité, celle de ces années 2012 – 2013 et l’intérêt revient.

Il est difficile de ne pas évoquer James Ellroy dont l’hommage plane sur ce roman, style haché chez les deux auteurs et la volonté de tout raconter de la vérité politique. Il y a aussi des clins d’œil sur la forme. J’ai ressorti « American death trip » de James Ellroy qui scinde son roman en six parties intitulées «Extradition, Extorsion, Subversion, Coercition, Incursion, Interdiction ». Dans « La Résistance des matériaux » quatre parties intitulées « Explosion, Collusion, Diversion, Expédition ». Et puis dans les deux romans il y a ce style simple sur la forme mais compliqué à lire.  Il y a un peu de James Ellroy dans « La résistance des matériaux ». De temps en temps j’aime bien une telle lecture, mais de temps en temps ce n'est pas tout le temps et j’aime bien est moins fort qu’aimer.

François MÉDÉLINE – La Résistance des matériaux . Parution 4 janvier 2024 , La manufacture de livres. ISBN 978-2-3855-3049-5 .

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