Georges SIMENON - Maigret

Il n’est jamais trop tard pour lire un polar d’autrefois

En 2023 il est commémoré le 120^ème anniversaire de la naissance de Georges Simenon, le 13 février très précisément. « Pietr le Letton » est le premier roman écrit par Simenon et mettant en scène Maigret même si le personnage avait été esquissé auparavant dans des nouvelles. Ce roman a été écrit entre septembre 1929 et mai 1930. Première publication en mai 1931, Éditions Fayard.

Pietr, escroc international a laissé un cadavre Gare du Nord avant de rejoindre le Majestic sur les Champs Elysées. Pietr opère là où il y a des milliardaires. Sa prochaine victime se nomme-t-elle Mortimer Livingston ? Puis tout le monde disparaît.

Pour ceux qui connaissent le commissaire Maigret et son univers, pas de surprise. Sa silhouette massive est bien là. Sa pipe, son chapeau ( melon ), un long et épais pardessus qui doit être bien lourd lorsqu’il est trempé par la pluie d’un mois de novembre. Il n’y a pas d’autres indications temporelles, un mois de novembre pluvieux, c’est tout. Maigret est âgé de quarante cinq ans. Il y a aussi le 36, quai des Orfèvres et son dédale de couloirs où le lecteur croise les inspecteurs/brigadiers Dufour, Torrence et bien sûr Lucas. Les demis ( surtout pas de champagne pour Maigret si l’occasion se présente ) et les sandwichs ( pas de pain de mie ) de la brasserie Dauphine sont bien là.

Maigret n’est pas bavard, lorsqu’il parle c’est avec autorité. C’est un flic de terrain qui participe aux planques et filatures. Par-dessus tout, il veut observer pour que ses impressions deviennent certitudes et ainsi alimenter sa perspicacité. Même rigueur dans le style de Simenon, des phrases sans verbe, un vocabulaire précis et visuel. Il n’a pas son pareil pour restituer l’ambiance des lieux et pour Maigret s’imprégner d’une ambiance c’est commencer à comprendre celles et ceux qui y vivent. « C’était plutôt une théorie à lui, qu’il n’avait d’ailleurs jamais développée et qui restait imprécise dans son esprit, ce qu’il nommait à part lui la théorie de la fissure. Dans tout malfaiteur, dans tout bandit, il y a un homme. Mais il y a aussi et surtout un joueur, un adversaire, et c’est lui que la police est tentée de voir, c’est à lui, généralement, qu’elle s’attaque … Maigret agissait comme les autres. Comme les autres aussi il usait des outils extraordinaires que les Bertillon, les Reiss, les Locard ont mis entre les mains de la police et qui constituent une véritable science. Mais il cherchait, attendait, guettait surtout la fissure. Le moment, autrement dit, où, derrière le joueur, apparaît l’homme». Maigret n’hésite pas à se rendre à Fécamp, d’abord pour de simples vérifications puis il y retourne dés qu’il sent qu’une partie de la solution s’y trouve.

Ce roman peut être scindé en trois partie. En premier Maigret enquête et rassemble toutes les pièces en rapport avec l’énigme, tout peut avoir de l’importance, y compris une mèche de cheveux dans une pochette photographique. Puis Maigret passe à l’action après la mort d’un inspecteur ( le commissaire est lui-même blessé ) et la traque commence pour se terminer à Fécamp. Troisième partie, l’histoire de Pietr le Letton est reconstituée.

Premier roman écrit avec Maigret mais ce n’est pas le premier publié. Je trouve cependant que « Pietr  le Letton » aurait fait une excellente introduction à la série. C’est un des meilleurs Maigret.

Liens vers deux sites très complets sur Simenon et Maigret,  ICI   et   LÀ