Le portrait de la Traviata ( auteur DO JINKI )

Do Jinki est juge à Séoul. En Corée du Sud c'est aussi un auteur à succès de romans policiers. Il écrit en parallèle deux séries avec des héros récurrents, une avec le juge Djingi et l'autre avec l'avocat Gojin. Son premier roman traduit en français met en scène l'avocat Gojin dans un whodunit ( roman de détection ou roman policier à énigme, le présent titre se rapproche de la variante meurtre en chambre close ) parfaitement maîtrisé, ce qui n'est plus très courant dans la littérature policière récente. 

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Le portrait de la Traviata : roman publié en 2017 en Corée du Sud. 

Un double crime a été commis dans un immeuble de Séoul. Jeong Yumi, une jeune femme, a été assassinée dans son appartement. Prés de son cadavre gît un autre corps, celui de Lee Pilho, également poignardé. Lee Pilho vivait dans le même immeuble et harcelait Yumi de ses avances. La porte de l'appartement est verrouillée grâce à un clavier numérique. L'énigme en chambre close est bien plantée, l'enquête de l'inspecteur Lee Yuhyeon de la brigade criminelle s'annonce difficile. L'étude des empreintes digitales, de la vidéo-surveillance, des relevés téléphoniques, des relevés bancaires, des courriers électroniques ne mènent qu'à des impasses. Les interrogatoires de Kim Hyeongbin l'amoureux de Yumi, des voisins, de la vieille femme de ménage, des proches parents de Yumi et de ses collègues de travail ( elle travaillait comme hôtesse dans un bar de luxe ) n'offrent pas plus d'avancées. Le gardien de l'immeuble aurait pu faire le coupable idéal mais il est promptement innocenté par Gojin son avocat.

Gojin n'intervient pas au tribunal mais donne des conseils en sous-main. L'inspecteur Lee a déjà eu à faire à lui et connait son extraordinaire perspicacité, ses raisonnements d'une grande logique et ses capacités de déduction. Gojin porte bien son surnom d'avocat de l'ombre. Il se limite à conseiller Lee, à lui proposer des pistes ou des scénarios. C'est à Lee de vérifier les hypothèses. Le lecteur rencontre donc très peu Gojin mais les brefs face-à-face avec Lee laissent entrevoir un personnage haut en couleur.

Gojin propose et l'inspecteur Lee Yuhyeon enquête. Le lecteur n'ignore rien des vérifications de la police. Les recherches s'intéressent non seulement aux faits et aux pièces à conviction mais prospectent aussi les habituels mobiles qui poussent au crime ( jalousie et passion amoureuse, vengeance, argent ). Il est également au courant des doutes, des espérances et de toutes les étapes des réflexions de Lee Yuhyeon. Le lecteur est pleinement associé à la résolution de l'énigme. Ce roman est aussi l'occasion de découvrir quelques facettes de la société coréenne comme la prostitution de luxe mais aussi des éléments liés au quotidien : un simple serveur travaille neuf jours pour une journée de repos, les chômeurs et tout particulièrement les plus jeunes sont considérés comme des fainéants et des bons à rien !  

D'impasses en fausses pistes qui constituent autant de rebondissements, j'ai été emmené vers la révélation d'un coupable que je n'avais pas du tout soupçonné. Le titre de ce qui est pour moi le premier roman coréen que j'ai lu ( et certainement pas le dernier ) est intrigant mais après coup je m'aperçois qu'il est intelligemment choisi ( il semblerait que se soit la traduction littérale du titre coréen ). Tout est bien dans ce polar, l'ambiance, l'énigme complexe, la personnalité bien choisie des personnages et un rythme soutenu et l'ensemble constitue une indéniable réussite. Pour bien apprécier ce polar, je conseille les futurs lecteurs de se constituer un lexique des personnages au fur-et-à-mesure de leur apparition car les noms coréens ne sont pas faciles à retenir. 

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